Discours sur les réveils religieux : La prière de la foi ( Charles Grandison Finney )
Quelques personnes ont supposé que ces paroles se rapportaient exclusivement à la foi des miracles; mais il n'en existe pas la moindre preuve. Au contraire, la connexion de ces paroles avec ce qui précède prouve clairement qu'il ne s'agit point ici seulement de miracle. Si vous lisez le chapitre entier, vous verrez qu'à cette époque Jésus et ses apôtres étaient engagés dans une oeuvre très active, et pleins de l'esprit de prière. Comme ils retournaient le matin à la même oeuvre, ayant faim et étant fatigués, ils virent un figuier à peu de distance. Il était très beau; et, sans aucun doute, il avait l'air de porter du fruit; mais, quand ils arrivèrent, ils n'y trouvèrent que des feuilles. Jésus dit alors au figuier: «Que jamais personne ne mange plus à l'avenir de ton fruit!» Le matin, le figuier est sec jusqu'à la racine. Pierre le remarque; et Jésus lui dit: «Ayez foi en Dieu; car en vérité, je vous dis que quiconque dira à cette montagne: «ôte-toi et te jette dans la mer,» et ne doutera pas en son coeur, mais croira que les choses qu'il dit arriveront, cet homme aura tout ce qu'il aura dit.» C'est là-dessus que viennent les paroles de notre texte: «C'est pourquoi je vous dis: quoi que ce soit que vous demandiez quand vous priez, croyez que vous le recevez, et vous l'aurez.» Notre Sauveur désirait de donner à ses disciples une leçon sur la nature et le pouvoir de la prière, et sur la nécessité d'une foi forte en Dieu. C'est pour cela qu'il établit un cas extrêmement saillant, celui d'un miracle, et d'un miracle aussi grand que le transport d'une montagne dans la mer; et il leur dit que, s'ils ont une foi convenable en Dieu, ils pourront faire des choses pareilles. Mais la preuve que sa Parole ne se rapporte pas seulement à la foi des miracles se trouve dans ce qu'il ajoute: «Et quand vous priez, pardonnez à ceux contre qui vous auriez quelque chose, afin que votre Père aussi, qui est aux cieux, vous pardonne vos péchés; mais, si vous ne pardonnez pas, votre Père céleste non plus ne vous pardonnera pas vos péchés.» Est-ce que cela se rapporte aux miracles? Quand vous priez, il vous faut pardonner. Cette condition nous est-elle imposée seulement pour le cas où nous voudrions faire un miracle? Il y a dans la Bible beaucoup d'autres promesses semblables à celle-ci, qu'on applique toutes avec la même méthode expéditive à la foi des miracles, comme si cette foi était en rien différente de la foi en Dieu.
Dans mon dernier discours j'insistai sur le sujet de la prière efficace; et vous pouvez vous rappeler que je passai très rapidement sur le sujet de la prière faite avec foi, parce que je désirais le réserver pour un discours particulier. Je veux donc aujourd'hui:
- Montrer que la foi est une condition indispensable de la prière efficace.
- Montrer ce que nous avons à croire lorsque nous prions.
- Indiquer quand nous sommes tenus d'avoir cette foi, ou de croire que nous recevons ce que nous demandons.
- Montrer que cette sorte de foi, dans la prière, obtient toujours la bénédiction recherchée.
- J'expliquerai comment nous pouvons parvenir aux dispositions d'esprit qui nous rendent capables d'exercer cette foi.
- Je répondrai à quelques objections qu'on allègue souvent contre ces vues sur la prière.
1. La foi est une condition indispensable de la prière efficace
Que la foi soit une condition indispensable de la prière efficace, c'est ce que personne ne mettra sérieusement en doute. Je sais qu'il y a désirs bien intentionnés qui sont, comme tels, acceptables devant Dieu, et qui n'impliquent pas l'idée de l'exercice de la foi, quant à la réception actuelle des grâces désirées. Mais de pareils désirs ne sont ni une prière, ni surtout la prière efficace, la prière de la foi. Dieu peut juger convenable d'accorder l'objet des désirs dont il s'agit, par un acte de sa bonté et de son amour; mais on ne peut dire que ce soit proprement en réponse à une prière (En un mot, nous croyons qu'il importe de distinguer entre la prière du simple désir, qu'on offre si généralement, et la prière de la foi dont parle saint Jacques, et dont également il s'agit ici. Je parle maintenant de cette espèce de foi qui assure la bénédiction. N'entendez pas mes paroles comme si je disais que sans cette espèce de foi nos prières n'ont rien qui soit agréable à Dieu, ou qu'elles n'obtiendront jamais la bénédiction demandée; mais je parle de la foi qui est sûre de l'obtenir. Pour prouver que la foi est indispensable à la prière efficace, il suffit de répéter la déclaration de saint Jacques:
2. Nous avons à rechercher ce que nous devons croire quand nous prions
1- Nous devons croire à l'existence de Dieu. «Celui qui vient à Dieu doit croire qu'il est; » et croire aussi «qu'il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent.» Il y en a beaucoup qui croient à l'existence de Dieu, et qui ne croient pas à l'efficace de la prière: leur foi en Dieu est trompeuse.
2- Nous devons croire que nous recevrons quelque chose, et quoi? Ce n'est pas une chose quelconque, ce n'est pas quelque chose en l'air et au hasard, mais cela même que nous demandons. Nous ne devons pas nous imaginer que Dieu soit un être à nous donner un serpent, quand nous demandons un poisson, ou une pierre, quand nous demandons du pain; mais Il dit: «Quoi que ce soit que vous demandiez, croyez que vous le recevez, et vous l'aurez.» Quant à la foi des miracles, il est clair qu'on doit croire qu'on recevra le miracle qu'on demande. Or que devons-nous croire quant à d'autres bénédictions? C'est une chose qui n'a pas de sens, que d'imaginer que, quand un homme prie pour obtenir une certaine grâce, Dieu, en vertu de quelque souveraineté mystérieuse, ira lui donner autre chose, ou même quelque chose d'autre à quelqu'un d'autre. Quand un homme prie pour la conversion de ses enfants, doit-il croire qu'il obtiendra ou celle-là ou quelque autre conversion absolument incertaine? De telles idées ne sont que des absurdités, et elles déshonorent Dieu au plus haut degré. Nous devons croire que nous recevons les choses mêmes que nous demandons.
3. Quand sommes-nous tenus de faire cette prière?
Et quand sommes-nous tenus de croire que nous aurons les choses que nous demandons? Je dis que c'est quand nous avons la preuve que Dieu nous les donnera. La foi doit toujours s'appuyer sur une preuve. Un homme ne peut croire à une chose à moins de voir quelque chose sur quoi il appuie sa foi; il n'est nullement obligé, il n'a pas même le droit de croire qu'une chose arrivera, sans avoir cette preuve; croire sans cela, c'est le comble du fanatisme. Or voici les espèces de preuves que nous pouvons avoir de ce sujet.
1- Supposons que Dieu ait spécialement promis la chose: c'est une preuve qu'il l'accordera. Par exemple, Dieu dit qu'il est plus disposé à donner son Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent, que des parents ne le sont à donner du pain à leurs enfants. Dès ce moment, nous sommes obligés de croire que nous recevrons cet Esprit si nous le demandons. Vous n'aurez plus le droit d'y mettre un si, et de dire: «Seigneur, donne-nous ton Saint-Esprit, si c'est ta volonté.» C'est insulter Dieu. Mettre un si, c'est-à-dire un doute, à côté des promesses de Dieu où il n'en a point mis, c'est accuser Dieu de manquer de sincérité, c'est lui dire: «O Dieu! si tu as réellement eu l'intention de tenir ta promesse quand tu me l'as faite, accorde-moi la grâce que je te demande.»
J'ai entendu parler d'une nouvelle convertie qui servit à enseigner une vérité solennelle, sur le sujet de la prière, à un ministre. Elle était d'une famille très corrompue; elle vint demeurer chez un ministre, où elle présenta bientôt toutes les assurances d'une véritable conversion. Un jour elle vint (contre son habitude) dans le cabinet du ministre, tandis qu'il y était. Pensant, avec raison, qu'elle avait quelque chose à lui dire, il la fit asseoir et il s'informa de son état spirituel. Elle lui dit qu'elle ne savait que penser de la manière dont les anciens membres de l'Eglise demandaient le Saint-Esprit, vu qu'après avoir prié avec grand zèle, et s'être appuyés sur les promesses de Dieu, ils terminaient toujours en disant: «Accorde-nous ces grâces, si c'est ta volonté!» Le ministre, quoique peu éclairé, n'eut pas de peine à réduire une servante au silence. Mais elle lui répliqua avec une vive douleur: «Je ne sais pas raisonner avec vous, monsieur; mais il me semble que la chose est mauvaise et qu'elle déshonore Dieu; »— et elle s'en alla en pleurant. Le ministre réfléchit davantage sur la chose, reconnut son tort, le dit à son troupeau; et dès qu'on eut cessé de mettre des si à la demande d'une effusion du Saint-Esprit, l'esprit de prière descendit avec puissance sur l'Eglise, et il s'en suivit un admirable réveil.
2- Vous avez la preuve que vous serez exaucé, lorsque l'Ecriture renferme quelque promesse générale que vous pouvez appliquer raisonnablement aux cas particuliers que vous avez en vue. Par exemple, je suppose que vous viviez à une époque d'une grande perversité, et que vous vous sentiez poussé à demander l'intervention de Dieu; quelle promesse avez-vous? Eh! vous avez ce passage: «Quand l'ennemi viendra comme un fleuve, l'Esprit de l'Eternel lèvera l'étendard contre lui.» Voilà une promesse générale, exposant un principe du gouvernement de Dieu, et que vous pouvez appliquer au cas qui vous occupe, comme un garant de la grâce qui vous sera faite. Et, si le cas se présente de rechercher le moment auquel Dieu vous accordera vos prières, vous avez cette promesse: «Tandis qu'ils parlent encore, je les exaucerai.»
Il y a une masse étonnante de promesses et de principes généraux contenus dans la Bible, dont les chrétiens pourraient faire usage s'il voulaient seulement prendre la peine d'y penser. Toutes les fois que vous vous trouvez dans des circonstances auxquelles s'appliquent ces promesses ou ces principes, vous devriez vous en prévaloir. Un père ou une mère trouvent cette promesse: «La miséricorde du Seigneur est à toujours et à perpétuité sur ceux qui le craignent; et sa justice sur les enfants des enfants de ceux qui gardent son alliance et qui se souviennent de ses commandements pour les faire.»
Voilà une promesse faite à ceux qui présentent un certain caractère. Si quelque parent peut se rendre le témoignage qu'il possède ce caractère en quelque degré, il est en plein droit de s'appliquer la déclaration à lui et à sa famille; et, si vous trouvez que ce soit votre cas, vous devez user de cette promesse dans la prière, et la croire même pour ce qui regarde les enfants de vos enfants.
Si j'en avais le temps ce soir, je pourrais parcourir la Bible d'un bout à l'autre, et vous montrer une variété étonnante de textes, contenant des promesses en nombre très suffisant pour établir qu'en quelque circonstance que puisse se trouver un enfant de Dieu, Dieu a placé dans sa Bible une promesse, ou générale ou particulière, qu'il peut s'appliquer, et qui convient précisément à son cas. Quelques-unes des promesses de Dieu sont très larges et couvrent un vaste terrain. Que peut-il y avoir de plus large que celle de notre texte: «Tout ce que vous demanderez quand vous prierez?» Quel est l'homme de prière qui n'ait pas été surpris à la longueur, à la largeur et à la plénitude des promesses de Dieu, quand l'Esprit les a appliquées à son coeur? Quel est le chrétien qui ne se soit pas étonné de son propre aveuglement pour n'avoir pas vu et senti plus tôt l'étendue de la richesse de ces promesses, quand elles sont vues dans la lumière de l'Esprit de Dieu? Dans des moments pareils, il s'étonne de sa propre ignorance; il trouve que l'Esprit applique les promesses de la Bible dans un sens où, auparavant, il n'avait jamais songé qu'elles pussent l'être. La manière dont les apôtres appliquaient les promesses, les prophéties et les déclarations de l'Ancien Testament, place dans une éclatante lumière cette riche signification de la Parole de Dieu; et celui qui marche dans la lumière de la face de Dieu, et qui est rempli de l'Esprit de Dieu, comme il doit l'être, fera souvent de ces promesses, à ses circonstances et à celles des êtres pour lesquels il prie, une application qui n'est jamais montée au coeur de celui qui ne professe la foi qu'en apparence.
3- Lorsqu'il y a quelque déclaration prophétique indiquant: que la chose qu'on demande à Dieu est conforme à sa volonté, lorsqu'une prophétie annonce avec certitude qu'un événement doit arriver, vous devez y croire et appuyer votre foi sur cette promesse dans ce cas particulier. Si le temps n'en est pas marqué dans la Bible, et qu'il ne soit pas désigné d'ailleurs avec clarté, vous n'êtes point tenu de croire que la chose doit arriver immédiatement. Mais quand le temps est indiqué, ou qu'il peut se découvrir par une sage étude de la prophétie, c'est alors le moment de comprendre et de croire. Prenez, par exemple, le cas de Daniel, relativement au retour de la captivité. Que dit-il? «Je compris par les livres le nombre des années dont la Parole de l'Eternel avait parlé au prophète Jérémie (savoir): qu'il accomplirait soixante-dix ans dans les désolations de Jérusalem.» Ici Daniel s'était donc instruit par des livres; il avait, étudié les Ecritures, et compris par ce moyen-là que la captivité devait être de soixante-dix ans. Que fait-il alors? Est-ce qu'il s'assied devant cette promesse et se met à dire: «Dieu a promis positivement de mettre un terme à la captivité au bout de soixante-dix ans; le temps est arrivé, il n'y a donc plus besoin de rien faire.» Oh! non, il dit au contraire: «Et je dressai ma face vers l'Eternel Dieu pour chercher par des prières et des supplications, avec le jeûne, le sac et la cendre, aurez ou la chose même ou quelque autre équivalente. Non: Vous aurez ce que vous demandez.»
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