Nous abordons le sujet du stress avec quatre partages du Dr Jean-Luc Bertrand. Chaque partie est assez longue et très riche quant à son contenu. Vous pouvez fractionner votre lecture pour lire le texte en plusieurs fois.


Beaucoup de gens aujourd’hui sont victimes du stress, et ceci sur tous les continents, parce que, paradoxalement, on en trouve aussi bien dans les pays développés que dans les pays sous-développés. On peut dire que le stress est une agression de l’organisme dans sa totalité.

On distingue les stress négatifs : par exemple le fait d’avoir froid, d’avoir trop chaud, de se brûler, d’avoir un accident ou un conflit avec quelqu’un, une discussion vive ou ardue.

Il y a aussi les stress positifs : par exemple une bonne nouvelle qu’on vous annonce, le fait que votre patron vous convoque dans son bureau pour vous dire qu’il a doublé votre salaire. Face à cette première partie de la définition du stress, il y a la deuxième partie qui est tout aussi importante, sinon plus importante : le stress, c’est surtout la réponse à ces agressions, comment on réagit à ces agressions. Vous savez très bien qu’un jour quelqu’un peut nous marcher sur le pied et cela ne fait rien, on ne se met pas en colère. Le lendemain, on nous marche sur le même pied et là on peut se mettre très en colère et prononcer des paroles très dures.

Lorsqu’une manifestation de stress se produit, on remarque qu’il y a des modifications importantes dans l’organisme :

la circulation sanguine augmente ainsi que la pression artérielle ; le système nerveux est stimulé et cela augmente la créativité.

Je me souviens d’une balade que j’avais faite en montagne avec mon épouse. En plein milieu d’un champ, on a vu tout à coup surgir un taureau. Ma femme, qui d’habitude est paisible, calme, et prend le temps de réfléchir, a pris les jambes à son cou et il ne lui a pas fallu longtemps pour trouver un arbre sur lequel elle a pu grimper. Le stress provoque quelquefois des réactions positives puisque cela donne plus de force, donc cela nous permet parfois de faire des choses que l’on n’arrivait pas à faire en situation normale. Personnellement, je suppose que c’est le cas pour beaucoup d’entre vous, cela me rend plus efficace de vivre sous une certaine forme de tension.

Les hormones que l’on retrouve dans les réactions de stress sont connues : l’adrénaline et la cortisone. Toutes les personnes réagissent différemment au stress. En général, les gens qui sont très stressés ont tendance plutôt à maigrir puisqu’à long terme la cortisone attaque les protéines. On trouve aussi que pour masquer leurs réactions de stress, les gens mangent beaucoup, en particulier du chocolat et des mets assez gras, et donc paradoxalement, ils grossissent.

Qu’est-ce qu’on fait quand on est trop stressé ?

On remarque qu’on commet des étourderies, des oublis, on a plus de conflits, on est plus agressif, en deux mots : on est moins efficace, on a de moins bonnes relations avec les autres et les journées se passent plus difficilement. Ce qui est étonnant, c’est que les gens qui ne sont pas stressés du tout, qui sont en état de sous-stress, ont une tendance à l’ennui, donc ils sont plus irritables, moins efficaces dans leur travail et ils ont tendance à perdre conscience en eux-mêmes. Je dirai que tout le monde est obligé d’être soumis aux pressions de la vie : que l’on vive en Afrique dans une tribu très reculée ou à Paris, tout le monde est soumis à des pressions.

Le but de cette série sur le stress est de voir comment il est possible de vivre ces pressions de la vie quotidienne sans tensions excessives, parce qu’en fait le stress, et là c’est un point capital, est un signal d’alarme qui nous révèle l’état de notre cœur et quelqu’un qui est stressé, c’est la preuve qu’il manque de forces psychologiques et spirituelles. Dans ces partages on abordera le domaine de la foi chrétienne, parce qu’il est évident et on l’étudiera, que la foi aide beaucoup et l’on peut dire que quelqu’un qui a une foi profonde est délivré du stress.

Quand on parle du stress, on note qu’il y a plusieurs facteurs internes : psychologiques, spirituels, des facteurs qui sont à l’intérieur de nous qui font que l’on peut être stressé. L’un de ces facteurs, c’est l’ambition. Un jour où vous êtes stressé ; faites le point le soir en arrivant chez vous : prenez une feuille blanche et notez les choses que vous avez faites dans la journée. Vous vous apercevrez lorsque vous ferez le bilan qu’il y a un surcroît d’activités qui fait que vous avez agi avec précipitation sous le stress : c’est vouloir faire trop de choses et donc n’être pas à la bonne place au bon moment. Quelqu’un qui est ambitieux, qui a trop d’ambitions, ne se trouve pas où il devrait se trouver : il n’est pas à la bonne place au bon moment, c’est là un point fondamental.

Le professeur Adler, qui est un grand psychiatre, a d’ailleurs déclaré que la plupart des désordres émotionnels et nerveux de l’homme proviennent d’une volonté de puissance. Ce qui est étonnant de constater et j’en parle dans mon livre, c’est que les gens les plus heureux sont ceux qui sont bien dans leur peau. Ce sont des personnes dont certaines ont des professions très importantes avec beaucoup de responsabilités et qui n’ont pas d’ambition : je vais m’expliquer sur cela. Ces gens vivent les valeurs de l’Évangile, même si certains ne les connaissent pas toutes. Les valeurs de l’Évangile nous incitent d’ailleurs à ne pas être ambitieux ni matérialistes.

Comment se traduit au quotidien cette volonté de puissance ?

Il y a un désir, dans la plupart des êtres humains, de posséder, de posséder plus que le voisin, de posséder plus que ceux qui ont de l’importance à nos yeux. Cela se traduit par le fait que l’on veut avoir une plus belle voiture, un plus bel appartement, que l’on veut partir en vacances dans le plus beau coin… Cela fait que l’on veut gagner plus d’argent, on veut avoir des relations avec des gens qui vont pouvoir nous aider pour gravir ces échelons, cela génère des conflits parce que pour arriver à ces buts on est prêt à se battre et quelquefois à marcher sur les pieds de ceux qui peuvent nous gêner quand on veut atteindre ces buts. Tout cela crée cette volonté de puissance qui génère le stress.

Quand on parle d’ambition, il faut bien s’entendre sur le mot « ambition ». L’ambition, en elle-même, n’est pas mauvaise. Lorsqu’on examine les gens qui ont une foi profonde, ceux qui ont vraiment une relation de façon très proche avec Jésus-Christ, aussi bien dans les milieux d’affaires, les milieux médicaux ; que ce soit l’ouvrier, la femme de ménage ou celui qui est au chômage, on remarque à travers l’histoire que ces gens étaient ambitieux non pas pour eux-mêmes, mais pour ceux qui les entouraient. Ces gens qui ont cette foi profonde sont toujours des moteurs dans la société, quelle que soit leur profession. Ils ont toujours élevé le niveau de vie global et ont contribué à créer des richesses, que ce soit sur le plan matériel, psychologique, spirituel, culturel ou social.

Leur but n’était jamais de le faire pour eux-mêmes ni pour être reconnus ou valorisés par les gens qui les entouraient, qui les regardaient, mais c’était toujours pour faire de leur mieux : faire de son mieux pour être valorisés non pas par les autres, mais pour remercier le Christ de ce qu’Il les avait rendus libres. Vous voyez ce que je veux dire ?

Par exemple, on remarque en général que quelqu’un qui est délivré du stress est plus actif que lorsqu’il vivait dans des zones de stress très importantes : quand il avait l’impression qu’il travaillait beaucoup trop dans la journée, qu’il faisait trop de choses. Une personne qui a été libérée de ses passions par le Christ, est quelqu’un, en général, et on le constate à l’observation quotidienne, qui va passer encore plus de temps à travailler, mais de façon plus efficace et libérée de cette pression de la réussite. On s’aperçoit finalement que courir après la réussite c’est la drogue des gens stressés et c’est une drogue malfaisante qui entraîne des désordres, des divorces, des conflits, qui fait que la personne n’est pas bien dans sa peau.

Quand on voit l’évolution de l’Occident dans l’histoire, ce sont ces gens-là qui ont créé les premières écoles, qui ont créé les entreprises, c’est eux qui ont créé la richesse dans le pays, de façon désintéressée et c’est ce qui est évidemment le plus productif pour la société. Alors que l’on constate ce facteur d’ambition mis sous le contrôle du bien des autres, et je crois, personnellement, que c’est très difficile d’être libéré de soi-même s’il n’y a pas cette dimension de la foi en Jésus-Christ.

Dans mon livre, j’ai examiné les gens les plus heureux et je me suis aperçu qu’ils ont une dimension spirituelle. Je me souviens d’une émission de télévision que j’avais faite avec un professeur, dans laquelle il disait qu’à l’approche de la mort on voit que ceux qui n’ont pas cette dimension et cette approche spirituelle, ils ont beaucoup de difficultés à mourir hors de l’angoisse. Ce sont des gens angoissés pour qui la disparition est quelque chose de terrible !

Vous allez me dire, et je serai d’ailleurs d’accord avec vous, qu’autour de nous on s’aperçoit que beaucoup de ceux qui font profession de foi d’être chrétiens, qui vont même, pour certains, à l’église, qui quelquefois lisent l’Évangile, qui témoignent même de leur foi, ne sont pas libérés de ce stress. Ils ne sont pas non plus libérés de cette ambition qui fait qu’ils courent après trop de choses à la fois, souvent dans le but d’être reconnus et par conséquent ils vivent cette pression du stress. Lorsqu’on étudie de plus près, on s’aperçoit dans nos contacts avec ces gens quand ils se confient, qu’en fait ils n’ont pas cette dimension intime de la relation, de la communion avec Christ.

Dans le cas où le but de la personne n’est pas de réussir dans la vie, car pour elle ce n’est qu’accessoire, mais c’est vraiment de vivre en communion avec Jésus-Christ et pour Jésus-Christ et ceci d’une façon très pratique dans la vie quotidienne, son but n’est plus de se servir, mais de servir les autres que ce soit dans son foyer, chez elle si elle est célibataire, à son entreprise, dans les associations dans lesquelles elle est mêlée et travaille ; et cela contribue à la libération de l’ambition pour être déchargé de cette cause du stress.