* JESUS REVIENT *

* JESUS REVIENT   *

La victime est toujours innocente...

téléchargement (2)

 

 

J'avais un oncle doux, gentil, un brave homme comme on dit en Provence. Quand il évoquait son père défunt (mon grand-père donc), viticulteur comme lui, il disait : mon pauvre père, ce qui voulait dire : Mon père qui est mort. C'est aussi un usage provençal. Cela exprimait une profonde affection ; plus que cela, c'était une manière d'honorer son père, comme dit l'Ecriture, de signifier une sorte de respect sacré.
Dans un contexte catholique romain, c'était aussi une manière de témoigner d'une croyance : l'épreuve de la mort, forcément injuste, est sensée opérer une forme d'expiation des fautes. Celles-ci sont dès lors pardonnées ; il ne devrait plus en être question.
1. Celui qui est mort est un saint
Sur ce sujet comme sur plusieurs autres, la piété catholique rejoignait – je parle au passé car je ne sais pas si on s'exprime encore comme cela aujourd'hui – un réflexe populaire qui, lui, peut encore s'observer aisément : croyant ou pas, celui qui est mort est souvent considéré comme une sorte de saint, surtout si sa mort est regardée comme injuste. C'est ainsi que les victimes de faits de guerre ou d'attentats, de cataclysmes ou de graves maladies, sont automatiquement regardées comme innocentes.
Cet acte de miséricorde peut se comprendre. On veut dire par là que ces personnes qui ont perdu la vie (ou été sérieusement agressées) n'ont rien fait qui puisse justifier un tel sort : elles ne l'ont pas mérité. Pas plus que les autres, en tout cas, c'est-à-dire que nous tous. Il est possible de voir là une manière de plaider pour une sorte d'innocence collective : nous sommes tous des braves gens finalement, qui n'avons pas demandé à souffrir. C'est certainement une des raisons qui justifie la formule bienveillante frères en humanité qui se veut inclusive, comme on dit aujourd'hui. L'intention étant naturelle et bienveillante, il ne devrait pas y avoir grand chose à redire à cela.
L'inspiration de ce réflexe naturel et bienveillant est-elle accordée avec l'enseignement biblique ? La victime est-elle toujours innocente ?
2. Est-il pour autant innocent ?
La Bible affirme qu'il n'y a sur la terre aucun être juste. Il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul (Ro 3.10, 12). Cela signifie qu'en un sens la différence entre le coupable et l'innocent est très relative. Le coupable est aussi un souffrant et la victime n'est pas un être absolument innocent, en soi. Il y a à cela diverses implications, notamment le fait que Dieu seul peut juger de manière parfaitement clairvoyante et juste. En conséquence, c'est avec humilité et mesure que tout jugement humain, même légitime – à commencer par la correction appliquée aux enfants – doit être pratiqué. Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? ou toi pourquoi méprises-tu ton frère ? puisque nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu (Ro 14.10).
Avec humilité et mesure, cela ne signifie pas avec mollesse ou laxisme. La Bible ne nie pas qu'il y a une différence entre un homme juste et un homme méchant, entre l'agresseur et l'agressé.Tout n'est pas égal, tout ne revient pas au même. Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, dit le prophète Esaïe (5.20). En Israël, le meurtrier doit être puni et la victime dédommagée, si possible, et Paul parle du magistrat qui est établi par Dieu pour châtier ceux qui font le mal (Ro 13.4).
La notion de jugement – qui n'appartient pas seulement à l'ancienne alliance – pose le principe d'une rétribution en fonction des actes de chacun. Je me hâterai de témoigner contre ceux qui oppriment la veuve et l'orphelin, qui font du tort à l'étranger, et ne me craignent pas, dit l'Eternel (Ma 3.5). On ne voit nulle part, dans la Bible, que le fait de mourir (de quelque façon que ce soit) ou même de souffrir fasse de quelqu'un un saint. La parabole du “mauvais riche” (Lc 16.22-24) le démontre clairement.
3. Le refuge de la victimisation
Tout en mentionnant souvent la veuve et l'orphelin, tout en parlant de la compassion et de l'assistance due aux plus fragiles (2 Co 9.1), la Bible ne tombe pas dans le travers de la victimisation. Tu ne commettras point d'iniquité dans tes jugements : tu n'auras pas égard à lapersonnedupauvre, et tu ne favoriseras pas lapersonnedu grand, mais tu jugeras ton prochain selon la justice (Lv 19.15). Bien sûr, ce n'est pas la même chose d'être riche ou pauvre, mais le pauvre n'est pas juste ou innocent par le fait qu'il soit pauvre1. Lui aussi doit avoir un cœur contrit s'il a péché et demander pardon quand c'est nécessaire. La victime incapable d'exercer la miséricorde, quelle expérience de la grâce a-t-elle donc faite ?
Rachel a perdu deux enfants de moins de trois ans, si on prend à la lettre le récit de Matthieu chapitre 2, mais il lui est reproché d'avoir fermé son cœur et refusé la consolation (2.18). En d'autres termes, au mal qu'elle a subi elle a ajouté un mal commis qui, en un sens, est pire. La victime qui se venge tombe dans le même piège, si on peut dire, de même que celle qui refuse de pardonner (Mt 6.14-15 ; 18.28-35). Jésus parle précisément de cela quand il évoque les Galiléens qu'Hérode a fait massacrer ou ces personnes sur lesquelles est tombée la tour de Siloé (Lc 13.1ss). Croyez-vous que ces personnes – des victimes, assurément – fussent plus coupables que les autres ? Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous également (13.5).
Tous, c'est-à-dire les victimes et les “bourreaux”, ont à demander et à recevoir le pardon, devant Dieu.
4. Les procès à caractère thérapeutique
Jusqu'à maintenant, les procès visaient deux objectifs. Un objectif de protection : il s'agissait de mettre une ou plusieurs personnes hors d'état de nuire ; et un objectif pédagogique : user de dissuasion vis-à-vis des malfaiteurs en herbe. Il semble qu'un troisième objectif se soit invité, à caractère thérapeutique : permettre aux victimes (et à leurs proches) de faire leur deuil, sous le regard des caméras. A la manière de la liturgie tauromachique, le condamné est exposé dans l'arène du tribunal et le sang infligé par les banderilles qui lui sont appliquées est sensé apaiser la souffrance des victimes. On pourrait ajouter : et expier les péchés du peuple (cf. Hé 9.7).
Il y a là quelque chose qui relève du religieux pré ou post-chrétien, avec les rituels de stigmatisation, de sacrifice et de consciences faussement apaisées, un peu comme au gibet de la place de Grève : plus la torture était effroyable, plus la foule s'en divertissait.
Aujourd'hui, se divertir, c'est s'amuser, se distraire. Mais à l'époque de Blaise Pascal (17ème siècle) qui en a beaucoup parlé, cela signifiait se détourner de. Par exemple, subtiliser un objet, ou encore regarder quelqu'un pour faire croire que c'est lui le coupable. Dans les deux cas, ce n'est pas très glorieux.
5. Où sont les innocents ?
Jésus parle de cela avec la parabole de la poutre et de la paille (Mt 7.3-5). Il vise exactement cette attitude hypocrite quand il demande que celui qui est sans péché jette la première pierre. On lit que ceux qui étaient là, accusés par leur conscience, se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu'aux derniers (Jn 8.7-9). La Bible parle déjà de cela quand elle rappelle que le souverain sacrificateur, en Israël, devait offrir chaque jour des sacrifices, d'abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple (Hé 7.27).
Un seul n'a pas eu à le faire, c'est Jésus. C'est dire si la notion d'innocence doit être mise en question.
_____________


16/11/2021
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Religion & Croyances pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 1089 autres membres