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Espérance humaine et/ou espérance chrétienne : quelles implications pratiques ? Charles NICOLAS

 
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Introduction
Nous avons déjà constaté qu'il y a des implications pratiques et immédiates à l'espérance chrétienne. Cette espérance, je crains qu'il soit de plus en plus difficile de la vivre dans notre pays. C'est pour cela qu'il est important d'en parler. Il y a une telle pression d'horizontalité aujourd'hui, qu'on se cacherait presque pour mentionner l'espérance chrétienne, comme s'il s'agissait d'une sorte de superstition malsaine.
Dans certaines églises les deux espérances – humaine et chrétienne – semblent être comme au coude à coude, l'espérance humaine tendant peu à peu à prendre la première place. C'est tellement rassurant d'être compris par tout le monde.
On a parfois l'impression aujourd'hui que c'est le social qui va sauver l'Evangile !
L'apôtre Paul, pourtant, a parlé de résurrection à Athènes. Il est vrai que beaucoup se sont moqués ; mais quelques-uns ont cru.
Aujourd'hui, l'espérance, c'est le vaccin. La gestion de cette crise sanitaire me semble vraiment symptomatique d'une société sans espérance et sans Dieu. C'est-à-dire une société sans recul par rapport aux événements.
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Et les douleurs chroniques ?
Pour parler de l'espérance de manière pratique, je vais commencer en évoquant un petit livre écrit par le docteur Jean-Pierre Bénézech, responsable de l'Unité de Soins palliatifs du CHU de Montpellier. Titre du livre : Les douleurs chroniques, quelle espérance ? On pourrait penser qu'il s'agit d'un état des lieux de la recherche sur les molécules qui permettent de combattre la douleur. Pas du tout. Il s'agit de poser le constat suivant : si une personne est porteuse d'espérance, notamment dans le sens chrétien du terme, elle supportera beaucoup mieux la douleur. C'est concret !
L'espérance permet de créer une juste distance avec les événements qui nous entourent ou qui nous touchent directement (de manière heureuse ou malheureuse, d'ailleurs). La souffrance – celle du deuil, par exemple – sera gérée autrement ; mais aussi les douleurs, les douleurs physiques, et même les douleurs chroniques !
C'est un peu comme si, alors qu'elle est encore dans un corps accessible à la douleur, la personne qui possède l'espérance chrétienne goûtait déjà certains bénéfices de la situation ultérieure où elle aura un corps incorruptible. J'ai bien dit : Cette personne goûte déjà certains bénéfices... Je suis prudent. Certains diront que c'est trop peu. Je pense que c'est déjà beaucoup.
La focalisation sur le présent
“Tout tout de suite”, disait-on en mai 1968. La focalisation de notre époque sur le présent, voire sur l'immédiat, fait perdre de vue les enjeux du salut biblique, jusque dans les Eglises parfois. Certains ont parlé de la tyrannie de l'immédiateté. Dans le livre qu'il vient de publier[1], l'historien François Hartog écrit que le présentisme est comme une petite bulle dans un chronos de plusieurs milliards d'années, sans espérance. Le temps chrétien, borné par l'incarnation et par le jugement, est révolu. Cela, dit-il, change complètement notre rapport au réel.
Les paroles (et même l'air) de nombreux cantiques actuels démontrent cela. Autre indice : il y a 30 ans, lors des manifestations exceptionnelles, on parlait de culte solennel. L'accent était mis sur l'honneur de Dieu et sur la consécration. Maintenant, on parle de culte festif : si on peut s'amuser par la même occasion, ce n'est pas plus mal!
On perçoit le poids de ce présentisme dans de nombreux messages qui confondent la grâce générale (accordée à tous les hommes) et la grâce de rédemption (qui concerne les croyants). J'ai entendu que l'Eglise protestante unie d'Espagne a un budget pour les œuvres sociales dix fois plus important que celui pour son propre fonctionnement. Qui dit mieux ? Vous entendrez parler de fraternité universelle[2], du vivre ensemble, de société plus juste, d'accueil des étrangers et d'églises vertes...
J'appelle cela un évangile socialiste qui, sous le prétexte de s'adapter aux attentes du moment, fait peu à peu l'impasse sur l'espérance chrétienne. Pas complètement : elle est... sur le côté ou dans un coin.
Je crois que ce présentisme se perçoit également au travers de ce qu'on appelle la féminisation des pratiques. Bien que généralement plus sensibles aux réalités spirituelles que les hommes, les femmes gardent comme vocation innée le souci de pourvoir aux besoins immédiats : chaleur, affection, nourriture, confort, soins... C'est très beau et important, mais quelque chose manque.
Le pédopsychiatre Aldo NAOURI parle de cela de manière éloquente. Je le cite : On investit désormais le seul plaisir et, avec lui, l'instant, le court terme. On vit dans les dimensions féminines du temps. Notre société est devenue très maternante. Si l’on veut s’en sortir, il faut que les pères réintègrent leur place afin que les enfants, moins maternés, apprennent à composer avec l’adversité et la non-satisfaction. Aujourd'hui, le père est paumé : il est une mère de substitution. On pourrait en parler longuement car les conséquences sont innombrables.
La juste distance avec les événements
Je vais citer trois auteurs qui ne se sont pas embarrassés avec les nuances.
Felix Neff (1797-1829) : Tout est provisoire en ce monde, l’Eglise comme le reste. Et pour une nuit que nous y passons, il n’est pas nécessaire d’y bâtir une forteresse : une légère tente ou un charriot couvert, tels les peuples nomades, sont plus que suffisants. Demain, s’il plaît au Seigneur, nous serons dans la cité de Dieu.
Je pense aussi au mineur gallois Rees Howells (1879-1950. Auteur de : Sur la brèche) : Le Saint-Esprit me dit : Désormais, tu ne peux plus te permettre ce qu'un homme ordinaire se permet ! Ce n'était pas de la morale ; c'était au regard des promesses de Dieu. De l'espérance, donc.
Je pense encore à cette parole de Pascal (1623 – 1662) : Tout le malheur des hommes vient de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre (Pensées).
Cela touche notre liberté par rapport aux biens matériels, mais pas seulement. Il y a beaucoup d'autres “idoles” potentielles que les biens matériels : le confort, les honneurs, la réputation, le désir de plaire... Aujourd'hui, l'Eglise complexée et soucieuse d'être bien perçue me paraît captive du désir de plaire. Ce n'est pas un bon mobile. Dans nos journaux chrétiens, il y aura bientôt plus de jolies photos que d'articles de fond. C'est significatif.
Je cite Clément Diedrichs, directeur du CNEF : Je crois que par les temps qui viennent, les enfants de Dieu se devront de pratiquer une forme d'ascèse permanente, pour que l'intelligence et le discernement que donne l'Esprit Saint leur soient en aide".
L'apôtre Pierre parle de cela. Je le cite : La fin de toutes choses est proche. Soyez donc sages et sobres pour vous attacher à la prière (1 Pi 4.7). C'est concret et cela nous explique en partie pourquoi la prière nous est souvent difficile.
L'apôtre établit donc un lien entre : 1° la proximité de la fin (du but) - 2° un style de vie marqué par la sobriété - 3° l'engagement dans la prière. Et il ajoute - 4° un amour fraternel ardent (1 Pi 4.8). Tout cela est très concret.
L'épidémie que nous vivons est certes éprouvante et personne ne devrait la prendre à la légère. Mais la percevoir comme étant une épreuve épouvantable est tout de même étonnant. Les réserves d'espérance sont vraiment bien minces. Que sera-ce si la situation devait empirer très sérieusement, ce qui n'est pas exclu ?
Ce qui est frappant dans le message biblique, c'est le poids incroyable des promesses de Dieu associées à un réalisme sans faille. Je pense à cette parole de Jésus : Celui qui croit en moi vivra, même s'il meurt (Jn 11.25). Vivra, c'est la promesse ; même s'il meurt, c'est le réalisme. La mort n'est pas niée, elle est dépassée. Nous retrouvons cela dans l'extraordinaire description que donne Paul de leur situation : Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l'extrémité ; dans la détresse, mais non dans le désespoir ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non perdus ! (2 Co 4.8-9).
Il arrive que dans les derniers jours de sa vie, le visage d'une personne s'illumine d'une joie qu'elle n'a peut-être jamais connue auparavant, alors même que des larmes de tristesse coulent sur ses joues. Au fur et à mesure qu'elle se détache de ses biens – et même des personnes qu'elle aime – son regard, si elle est chrétienne, se fixe sur les réalités éternelles que Dieu lui a réservées. Le diacre Etienne a vécu cela : Tous ceux qui siégeaient au sanhédrin ayant fixé les regards sur Etienne, son visage leur apparut comme celui d'un ange (Ac 6.15 ; 7.56).
 


12/03/2021
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