* JESUS REVIENT *

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Dire sa souffrance ( Charles Nicolas )

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Je me souviens du pasteur d'une église grande et dynamique qui m'avait confié un jour : Dans notre église, on ne sait pas entendre 'J'ai mal'.
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Je me souviens aussi d'une conférence dans laquelle le professeur Henri Blocher tentait de définir la vocation de l'église locale en disant ce qu'elle n'est pas : elle n'est pas un club sympathique pour se détendre, elle n'est pas une école pour étudier, elle n'est pas un stade pour s'entraîner, elle n'est pas un hôpital pour être soigné, elle n'est pas une chorale pour organiser des concerts, elle n'est pas un régiment pour apprendre à se battre... Mais elle est aussi un peu tout cela, tant est grande la diversité des besoins, des dons, des défis, des manifestations de la grâce de Dieu.
La mention assez fréquente dans la Bible de la veuve et de l'orphelin témoigne de la prise en considération de la souffrance vécue : la souffrance vécue par les hommes et les femmes d'une manière générale, mais aussi au sein du peuple de Dieu. D'ailleurs, quand il est question de la veuve et de l'orphelin dans la Bible, il est question de membres du peuple de Dieu. Il y avait donc et il y a encore, en Israël ou dans l'Eglise de Jésus-Christ, des chrétiens qui perdent leur conjoint, des enfants qui perdent leurs parents... Cela signifie que le peuple que Dieu choisit, rassemble et entoure de ses soins n'est pas épargné par les souffrances qui touchent l'ensemble des hommes. Accepter cela n'est pas évident pour tout le monde. Puis-je, en tant que chrétien, vivre un temps de souffrance profonde, éventuellement durable, sans mettre en doute ni l'amour ni la fidélité de Dieu pour moi ? Cela s'appelle la persévérance dans la foi.
Deux écueils existent à ce niveau. Le premier consiste à faire de la prise en compte de la souffrance des hommes le cœur de l'Evangile. Je crois que cela n'est pas juste. Chronologiquement, le premier mal n'est pas une blessure, c'est une transgression. Le statut primordial de tout homme n'est pas celui d'une victime, c'est celui d'un pécheur. La première plainte qui sort de ma bouche ne devrait pas être causée par ma souffrance mais par mon péché (2 Ch 7.14 ; Lam 3.39 ; Ro 7.24). La prédication de Jean-Baptiste, celle de Jésus, celle des apôtres n'interpelle pas prioritairement des personnes à consoler mais des personnes qui doivent se repentir. Et ceux qui souffrent ? Ils doivent se repentir également, Jésus le dit très clairement (Luc 13.5). Jamais la Bible ne laisse entendre que la souffrance subie aurait une valeur expiatoire, comme beaucoup l'ont cru et le croient peut-être encore, inconsciemment. Il y a aujourd'hui une sorte d'Evangile compassionnel qui opère une promotion de la victimisation, sans se rendre compte, peut-être, que cela finit par devenir une prison. C'est un évangile horizontal, humanitaire, social, qui reflète bien peu l'Evangile biblique.
Il existe un autre écueil qui, à l'inverse, impose au croyant l'obligation d'aller toujours bien. Il faudrait toujours dire : c'est super ! Il faudrait toujours sourire, toujours être actif, toujours faire la fête (il faut bien attirer les jeunes), toujours être en forme. C'est une sorte d'évangile promotionnel, une manière de faire envie, d'attirer. De tromper aussi, malheureusement. Les psalmistes allaient-ils toujours bien ? Les prophètes allaient-ils toujours bien ? J'ose le demander : Jésus allait-il toujours bien ? Je ne le crois pas (Lc 9.41 ; Jn 11.35 ; Hé 5.7-8). L'apôtre Paul allait-il toujours bien ? Cependant, vous avez bien fait de prendre part à ma détresse, écrit-il aux Philippiens (4.14).
En réalité, jamais une personne malheureuse ne se sent aussi seule qu'au milieu de personnes qui seraient toujours heureuses. Et jamais une personne triste ne se sent aussi triste que dans un endroit où il n'y aurait de place que pour la joie. Jésus ne dit pas : Heureux ceux qui sont toujours joyeux, mais heureux ceux qui pleurent, et la promesse est au futur, c'est-à-dire pas forcément pour tout de suite. Si je devais donner un titre aux Béatitudes, je dirais : Pas tout de suite, mais bientôt ! C'est encore le temps de la patience. Il est de la volonté de Dieu de vous donner du repos avec nous, écrit Paul, lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec ses anges (2 Th 1.7). C'est bientôt, mais pas tout de suite. C'est encore le temps de l'endurance.
Une des forces de la révélation biblique, c'est son réalisme. Elle ne raconte pas d'histoires, contrairement à ce que certains prétendent. Les plus grands héros bibliques ont leurs faiblesses, leurs défaillances, leur désarroi, et ils le disent. L'expression de la souffrance fait partie de la marche dans la lumière. Quand un malheureux crie, l'Eternel entend et le sauve de sa détresse (Ps 34.7). On comprend que si le malheureux ne crie pas, la délivrance attendra, peut-être. Pourquoi donc faut-il que le malheureux crie ? Parce que le fait de crier à Dieu ouvre un accès jusqu'au cœur de celui ou celle qui crie, et cet accès permet de recevoir le secours. En six versets, le Psaume 13 illustre cela d'une manière spectaculaire.
Le Psaume 119 est une splendide confession de foi, l'affirmation d'un attachement indéfectible à la Parole de Dieu, d'une reconnaissance sans bornes pour la fidélité de Dieu à ses promesses. Mais celui qui s'exprime ainsi mêle à son chant des appels au secours : Mon âme pleure de chagrin : relève-moi selon ta parole ! Mes yeux languissent après ta promesse. Je dis : Quand me consoleras-tu ? Je suis à toi : sauve-moi ! (28, 82, 94). Ce sont là les plaintes de quelqu'un qui connaît le Seigneur et qui l'aime. Simplement, il ne fait pas semblant. Quand il est dérouté, il le dit ; quand il ne comprend pas, il le dit ; quand il n'en peut plus, il le dit.
Tant que je me suis tu, mes os se consumaient, je gémissais tout la journée, écrit David (Ps 32.3). On n'a pas attendu la psychologie moderne pour découvrir que quand la bouche s'ouvre, le cœur s'ouvre aussi (Ro 10.10). On peut tout dire à Dieu. Pas n'importe comment sans doute, mais on peut tout lui dire. Seul à seul, porte fermée (Mt 6.6). Il faudrait commencer ainsi. Tant que je me suis tu. On peut se taire pendant des heures, pendant des jours, pendant des années, même...
Ensuite, il se peut qu'il soit utile d'ouvrir son cœur à quelqu'un, un frère ou une sœur de confiance qui n'en parlera à personne. Confier un péché, confier une souffrance, pleurer peut-être. C'est humiliant ? Oui, mais le Seigneur relève celui qui s'humilie (Jc 4.10 ; 1 Pi 5.6). Cela s'appelle la marche dans la lumière.
 


18/10/2021
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