J’écoutais attentivement un vieillard chrétien. Il me parlait de toutes les épreuves qu’il avait rencontrées dans sa longue vie et, en particulier, de celle concernant son fils, malade mental. «Cela a été la plus grande épreuve de ma vie» m’a-t-il dit. Après un silence recueilli que je n’osais pas rompre, il a ajouté: «C’était du lest!». Par respect pour ce vieillard évoquant des souvenirs que je sentais encore douloureux, je n’ai pas demandé d’explications; mais j’ai souvent réfléchi à cette parole mystérieuse. Quelques années plus tard, cette parole s’est éclairée.

À l’occasion des courses internationales de voiliers qui sont organisées périodiquement (Vendée Globe, Route du Rhum…) j’ai appris que les voiliers ont dans leur quille deux ou trois tonnes de lest (une part importante du poids total du voilier). Quel poids mort inutile! ai-je pensé. On m’a alors expliqué que ce lest est absolument indispensable pour compenser la force du vent dans la voilure afin d’éviter de chavirer (et aussi pour aider le voilier à se redresser quand il a été couché par une grosse vague). Cette masse énorme et invisible est donc bien utile.

J’ai compris qu’on peut considérer nos épreuves comme un lest. J’essaie de regarder ce qui me paraît très lourd, et même inutile, comme quelque chose d’utile. Dieu me demande de lui faire confiance, d’accepter les contretemps et de vivre avec lui les moments difficiles de ma vie, assuré qu’il agit pour mon bien.

Notre légère tribulation d’un moment produit pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire (2Co 4:17).

Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ demeure sur moi… Lorsque je suis faible, alors je suis fort (2Co 12:9,10).

Je veux désormais poursuivre «ma navigation», confiant dans le divin Constructeur