Le livre de Job est aride à la première lecture; on a parfois l’impression d’assister à une palabre et on peine à découvrir en quoi les paroles de ses trois amis peuvent consoler Job (2. 11). Preuve en est notre premier verset: après avoir parlé durant de longs chapitres, Job a le sentiment que ses amis n’ont rien compris à son épreuve, qu’ils n’entrent pas dans les raisons de sa douleur, et il s’obstine à se justifier.

Survient alors Élihu, un quatrième ami, plus jeune que les trois autres. Il a su freiner son impatience de parler; il a écouté attentivement les longs discours précédents. Constatant l’échec des dialogues, il s’apprête à prendre la parole. Malgré la colère qui l’anime, il fait preuve d’égards: Job, je te prie, écoute. Élihu sent que la priorité est de calmer l’exaspération de Job et il le fait avec tact: Je te prie. Ensuite, il précise que ce n’est pas de lui-même qu’il parlera, mais comme conduit par l’Esprit de Dieu. Puis il s’associe à Job dans sa faiblesse par rapport à Dieu: Je suis comme toi quant à Dieu, je suis fait d’argile, moi aussi (v. 6).

Maintenant que les consolateurs fâcheux (16. 2) se sont tus et que Job n’essaie plus de se justifier, Élihu peut tourner les regards de chacun vers Dieu, en le montrant dans ses divers attributs. Il prépare ainsi le moment où Dieu lui-même interviendra dans le débat (Job 38).

Patience, égard, tact, humilité, soumission à l’Esprit, toutes ces qualités annoncent Jésus, celui qui, des siècles plus tard, comme Fils de l’homme, les manifestera à la perfection.

Combien d’hommes, de femmes, de jeunes, de malades, de réfugiés, de désemparés autour de nous, se sentent incompris et désirent qu’on les écoute! Prenons le temps d’écouter, beaucoup de temps! Alors, Celui dont l’oreille n’est pas fatiguée pour entendre (Esa 59:1) nous donnera la parole à propos.