Une amie vient de mourir dans un accident de voiture. Les gendarmes ont dit qu’elle avait été tuée sur le coup. La pluie qui tombait quand elle a perdu le contrôle de sa voiture n’a peut-être même pas été témoin des derniers mots qu’elle a prononcés.
Souvent les propos tenus par les gens au moment de leur mort sont dignes de confiance, car à ce moment ils se montrent tels qu’ils sont.
Mais est-ce que ce sont les mots qui comptent ? Plutôt que les mots, est-ce que ce ne sont pas les intentions ? Mon amie avait donné sa vie à Jésus et je sais qu’elle est maintenant avec lui. Elle avait suivi le conseil du psalmiste quand il dit :
- Enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que notre coeur s’ouvre aux leçons de la sagesse (Ps 90.12)
Pouvons-nous nous fier à ceux qui sont souvent reconnus comme de grands hommes ? Regardons ce qu’ils ont dit à la fin de leur vie:
- César Borgia, fils du futur pape Alexandre VI Borgia, lui-même cardinal à l’âge de seize ans, choisit finalement la carrière politique dans l’Italie du début du XVIème siècle ; il conquit la province de Romagne et fit assassiner ses ennemis. Celui qui servit de modèle à Machiavel dans "Le Prince" déclara : "Dans toutes les circonstances de ma vie, j’ai été prévoyant et j’ai toujours pris toutes les dispositions nécessaires. Et voilà que maintenant je dois mourir sans y être préparé."
- Louis XVI, devant qui tous pliaient le genou avant la révolution, proclama au moment de gravir les marches de l’échafaud : "Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que mon sang ne retombe pas sur la France."
- Talleyrand, qui servit tous les régimes politiques qui se sont succédés en France de 1789 à 1830, remarqué pour son intelligence et sa culture, souhaitait que ses collaborateurs aient de "l’avenir dans l’esprit". Mais dans son agonie, il dit : "Je subis les tortures des damnés."
- S. Bolivar consacra sa vie à libérer les colonies espagnoles. Devenu maître d’une partie de l’Amérique latine où il rêvait de fonder des états unis, il mourut désespéré en disant : "J’ai labouré la mer."
- Churchill fut un des premiers à mettre en garde les Européens contre le danger nazi ; premier ministre à partir de 1940, il fut un étonnant chef de guerre et mit toute son énergie au service de la victoire. Athée, mondain, bien des années après la guerre, il termina sa vie en disant : "Quel fou j’ai été."
- Bouddha cherchait la paix, la sérénité, le pourquoi de la douleur ; il prêcha un message de compassion et mourut à 80 ans en disant : "Je n’y suis pas arrivé."
- Heinrich Heine, poète allemand d’origine juive, était connu pour son esprit satirique et polémique. Sa conversion au protestantisme fut d’après lui un "billet d’entrée donnant accès à la civilisation européenne". Vers la fin de sa vie il écrivit le poème suivant :
La vieille lyre s’est rompue
Sur ce roc qu’on nomme Jésus !
La lyre, par le mauvais esprit inspirée
Chantait des fêtes damnées.
Cette lyre, c’est pour la révolte qu’elle résonnait,
Pour le doute, la moquerie et la chute qu’elle chantait.
Seigneur, Seigneur, pour ces chansons
Humblement j’implore ton pardon !
La dernière parole de Jésus fut : Tout est achevé (Jn 19.30).
Sans la paix de Dieu, la mort devient une affreuse réalité que chacun essaie d’oublier à sa façon. Pourtant chacun sait bien quelque part qu’il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement" (He 9.27).
Christiane Pfender