Texte de base : 1 Corinthiens 12,12 à 27
1. Introduction :
De toutes les images employées par le Nouveau Testament (et surtout par Paul) pour décrire ce qu’est l’Eglise, aucune ne revient plus souvent que celle du corps :
Le mari, dit Paul aux Ephésiens, est le chef de sa femme, comme Christ est le chef de l’Eglise, qui est son corps : Ephésiens 5,23.
Parlant de Christ, il dit auparavant que Dieu a tout mis sous ses pieds, et il l’a donné pour chef suprême à l’Eglise, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous : Ephésiens 1,22-23.
L’Eglise, dit Paul à maintes reprises, est le corps de Christ : Colossiens 1,24, et Christ est la tête de ce corps : Colossiens 1,18.
Les comparaisons que nous donne la Bible, pour nous faire comprendre les réalités spirituelles, sont bien utiles. Mais lorsqu’elles nous deviennent trop familières, le risque est que nous adoptions l’image en oubliant les leçons qu’elle évoque ! Prenons le temps ce matin de réfléchir à tout ce que l’image du corps, utilisée pour décrire ce qu’est l’Eglise, évoque. Nul doute que, si nous en comprenons bien la portée, nous regarderons l’Eglise, et notre contribution à sa vie, autrement !
2. Leçons sur le corps :
A. Le corps est une unité indivisible
Le premier enseignement que nous donne Paul sur le corps est que le corps est une unité indivisible : le corps est un : 1 Corinthiens 12,12. Personne sur terre n’a jamais vu un corps fonctionner en parties séparées (Tiens, j’ai vu les pieds de Gilles au centre ville… et moi ses mains, dans tel quartier de la ville)… Là où se trouve la tête, se trouvent aussi les pieds ou les mains. Il est impossible de disjoindre le corps.
La grande stratégie de Dieu, dit Ronald Sider, ne se concentre pas sur la rédemption (le rachat) d’individus isolés, mais sur la création d’un peuple nouveau, d’une communauté nouvelle et d’un nouvel ordre social, déjà pour ici-bas.
Alors que les autres images employés par le Nouveau Testament (le berger et les brebis – le temple – le Roi et ses sujets…) permet de faire la distinction entre Christ et ceux qui Lui appartiennent, cette distinction est impossible dans l’image du corps. En utilisant l’image du corps pour décrire l’Eglise, et en disant que Christ est la Tête de ce corps, Paul veut nous dire que le lien qui unit les véritables chrétiens à Christ et entre eux est si fort que l’un ou les uns ne peuvent pas exister sans l’autre ou les autres.
Si quelqu’un, dit Paul, n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas : Romains 8,16. Ne font partie du corps de Christ, de l’Eglise, que ceux en qui l’Esprit de Christ habite. On peut passer par tous les examens et tous les rites possibles pour entrer dans l’Eglise. Mais s’il n’y a pas ce lien organique entre nous et Christ, cette relation vivante de cœur à cœur et d’esprit à esprit, tout cela n’est que pure comédie.
La première caractéristique du corps est qu’il est un, une unité indivisible. C’est une réalité qui ne concerne pas seulement la relation des membres avec la tête, mais aussi entre eux. Quoi que tu penses, il t’est impossible de te passer de tes frères et sœurs dans l’Eglise, comme il est impossible à l’Eglise d’être complète si tu manques. Le lien qui nous unit est génétique : nous faisons partie du même corps. J’ai besoin de toi dans l’église, même si tu n’en as pas l’impression, comme tu as besoin de moi, même si tu penses que tu peux bien t’en passer.
Sais-tu que chaque fois que tu manques à l’Eglise, tu me manques ? Peut-être te dis-tu que ta présence ou ton absence ne font pas grande différence ! Tu as tort ! Tu manques au même titre que, lorsqu’il y a réunion de famille, un fils, une fille, un frère ou une sœur ne sont pas là ! Tu fais partie de la famille de Dieu, de Christ ! Et il y a entre moi et toi, et entre nous, des liens qui sont irremplaçables et qui ne ressemblent à aucun autre. Il y a parfois de bonnes raisons pour justifier l’absence ! Mais combien la douleur est grande lorsque c’est par choix, pour cause de fâcherie ou d’intérêts différents, que le frère ou la sœur manque. Il ne le sait pas ! Lui pense qu’il n’y a là rien de grave ! Mais c’est tout un voile de tristesse que son absence jette sur le groupe !
B. Le corps est une unité complète en elle-même
Tous ceux qui ont eu l’occasion d’étudier le corps humain de près le disent : le corps humain est un miracle permanent, une pure merveille. Parlant de lui, un journaliste scientifique a écrit :
« L’homme est un être merveilleux, d’une complexité inimaginable. Il est tout à la fois une usine chimique, une installation de climatisation et une station d’épuration, le tout commandé à partir d’un élément central, le cerveau, un ordinateur pensant et capable, en plus de cela, d’aimer et de haïr. » (Tiré du livre : Merveilles de l’être humain : Edition CLV).
Considérons un instant la merveille d’autonomie que représente le corps ! Il peut se nourrir, se mouvoir, travailler, réfléchir, sentir, vouloir, respirer, se reproduire… Il n’a besoin pour toutes ses fonctions que de trois choses : de l’air, de l’eau, de la nourriture. Sauf dans les premiers stades de son existence, le corps humain n’a besoin en fait de personne pour vivre. Il peut, grâce à ses fonctions multiples, se suffire à lui-même.
Comme il en est pour le corps, ainsi en est-il pour l’Eglise ! Les Eglises locales peuvent être différentes ! Mais Dieu veille à ce que chaque église ait en elle-même toutes les ressources dont elles ont besoin pour vivre !
L’Eglise locale de Corinthe est sans doute l’Eglise qui avait le plus de problèmes internes à résoudre. De quoi venaient ces problèmes ? De carences dans le corps ? Ce n’est pas l’avis de Paul ! Il commence sa lettre en leur disant :
Je rends à mon Dieu de continuelles actions de grâces à votre sujet, pour la grâce de Dieu qui vous a été accordée en Jésus-Christ. Car en lui vous avez été comblés de toutes les richesses qui concernent la parole et la connaissance, le témoignage de Christ ayant été solidement établi parmi vous, de sorte qu’il ne vous manque aucun don, dans l’attente où vous êtes de la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ : 1 Corinthiens 1,4 à 7.
Sommes-nous conscient que nous sommes riches, qu’il existe au milieu de nous un potentiel suffisant pour que nous puissions vivre et nous développer ? Dieu, nous a rappelé Steve la semaine dernière, nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété : 2 Pierre 1,3. La question se pose : que faisons-nous de ce potentiel ? Est-il exploité ou en sommeil ? Est-il mis à disposition du corps ou utilisé pour notre propre intérêt ? De la réponse à ces questions dépend la bonne santé du corps !
C. Le corps est une unité dans la diversité
Paul l’évoque clairement dans l’image qu’il utilise. Il y a dans le corps des membres qui sont si vitaux qu’ils pourraient penser qu’ils n’ont pas besoin des autres. Le corps a tant besoin d’eux qu’ils pourraient en tirer orgueil :
«Hé, toi, le petit doigt de pied, que ferais-tu si moi, les yeux, je n’étais pas là ! Combien tu serais handicapé, limité… ! » « Peut-être ! Mais si moi, le petit doigt de pied, je n’assurais pas l’équilibre de tout le corps, combien la marche de l’ensemble serait moins aisée ! »
Le corps est une unité complète en elle-même. Aucun de ses membres, fut-il le plus essentiel ne peut dire à un autre : Je n’ai pas besoin de toi ! Tôt ou tard, parce que justement il n’a pas les mêmes dons que toi, tu vas découvrir que tu as besoin de ton frère ! Nul ne peut non plus dire dans la vie chrétienne : Dieu me suffit, je n’ai pas besoin des autres ! Affirmer cela est, soit une preuve d’orgueil, soit une marque d’égoïsme !
Nous devons en être convaincus : il n’y a personne qui ne soit inutile dans l’église. Il peut y avoir par contre des personnes qui se sentent si inférieures aux autres quant à leurs dons ou leur capacité qu’elles se jugent elles-mêmes comme telles. Au lieu de mettre à profit leur talent, elles réagissent comme le serviteur de la parabole qu’a raconté Jésus :
« Celui qui n’avait reçu qu’un talent, dit Jésus, alla faire un trou dans la terre et cacha l’argent de son maître : Matthieu 25,18. Par complexe peut-être ou sentiment d’infériorité, il ne jugea pas utile de mettre en valeur le peu qu’il avait reçu. Il eut tort. Car la récompense du maître n’est pas liée au nombre des talents, mais à la fidélité avec laquelle on a fait valoir ce que l’on a reçu. A celui qui avait reçu deux talents, la même approbation sera donnée par le Maître qu’à celui qui en avait reçu cinq :
« C’est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître :Matthieu 25,21. Peut-être seras-tu étonné. Mais il se peut que tu entendes de la bouche du Seigneur au ciel, la même parole de félicitation que celle adressée à Paul. L’important n’est pas que nous soyons des Paul, mais, avec fidélité, juste ce que le Seigneur veut que nous soyons !
D. Le corps est une unité de croissance
« Dans un corps normal, tous les membres croissent ensemble. Chacun d’eux contribue à la croissance de tous les autres organes en même temps qu’à sa propre croissance. Si un membre ou un organe cesse de croître, le corps reste infirme, disproportionné ou malade, et d’autres membres sont obligés de suppléer aux carences du membre défaillant. Si mon bras gauche est resté atrophié, mon bras droit aura deux fois plus de travail : Alfred Kuen : Je bâtirai mon Eglise.»
Il n’est jamais normal que, dans une Eglise, ce soit toujours les mêmes qui fassent tout, ou toujours les mêmes qui prennent en main tout. Lors du dernier conseil d’église, nous avons décidé que certaines soirées organisées à partir de septembre, le seraient par des équipes tournantes. Pour que l’église se développe de manière cohérente, il est nécessaire que chacun soit responsabilisé et prenne sa part de travail. Il est bien que chacun qui occupe une fonction de responsabilité réfléchisse qui il peut former et à qui il peut déléguer ou avec qui il peut partager la fonction qu’il occupe.
Je suis reconnaissant pour ma part que je n’ai plus à décider seul de ce qui doit être tranché dans l’église. Etre seul à porter une décision est à la fois difficile pour celui qui la porte et pour ceux que la décision peut concerner. Le frère ne se trompe-t-il pas ? N’y a-t-il pas d’autres façons de voir que la sienne ?
L’église de Jésus-Christ n’est pas une démocratie. Mais elle n’est pas non plus une royauté dans laquelle un seul décide. La tête du Corps est le Christ. C’est Lui qui, dans l’Eglise, décide à qui Il délègue Son autorité pour le bien et le bon agencement du corps. Chacun, à son niveau, sera appelé à Lui rendre compte : les membres pour leur attitude envers les responsables, mais les responsables aussi pour leur attitude envers les membres.
« Malheur aux pasteurs d’Israël, qui se paissaient eux-mêmes ! Les pasteurs ne devaient-ils pas paître le troupeau ? Vous avez mangé la graisse, vous vous êtes vêtus avec la laine, vous avez tué ce qui était gras, vous n’avez point fait paître les brebis. Vous n’avez pas fortifié celles qui étaient faibles, guéri celle qui était malade, pansé celle qui était blessée ; vous n’avez pas ramené celle qui s’égarait, cherché celle qui était perdue ; mais vous les avez dominées avec violence et avec dureté… Ainsi parle le Seigneur, l’Eternel : Voici, j’en veux aux pasteurs ! Je reprendrai mes brebis d’entre leurs mains, je ne les laisserai plus paître mes brebis, et ils ne se paîtront plus eux-mêmes ; je délivrerai mes brebis de leur bouche, et elles ne seront plus pour eux une proie : Ezéchiel 33,2 à 4.10.
E. Le corps est une unité de relation
Les verbes que Paul utilise pour décrire les liens entre les différents membres du corps en témoignent :
« Les membres du corps qui paraissent être les plus faibles sont nécessaires ; et ceux que nous estimons être les moins honorables du corps, nous les entourons d’un plus grand honneur : 1 Corinthiens 12,22-23.
Qu’il est beau de voir dans le corps de Christ disparaitre les barrières naturelles qui séparent d’habitude les hommes entre eux. Le riche peut côtoyer le pauvre et partager, fraterniser avec lui. Les gens de condition modeste peuvent avoir pour ami des personnes plus aisées. L’intellectuel peut avoir de la joie à échanger avec l’illettré, etc… Chacun là où il se trouve est animé d’un seul désir : honorer l’autre. Souvenons-nous que rien n’est plus inconvenant dans l’Eglise de Christ que le mépris ! Reprenez-moi fermement si je venais à mépriser l’un d’entre vous !
« Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui : 1 Corinthiens 12,26.
Qu’il est beau de voir dans le corps de Christ chacun se soucier de porter le fardeau d’un autre ou se réjouir de participer à sa joie. C’est dans la mesure où la joie ou la souffrance de l’autre devient notre joie ou notre souffrance que nous manifestons le lien d’amour qui existe en Christ entre nous !
Comme le corps humain, le corps de Christ n’est pas une machine. C’est un organisme, une unité construite sur des relations harmonieuses et aimantes. Rien ne porte plus préjudice à la beauté du corps que la guerre que pourrait se mener les membres les uns contre les autres. Peut-on s’imaginer le poing frapper le visage et la bouche mordre la main ? Que penserait-on d’un homme qui agirait ainsi contre lui-même, si ce n’est qu’il a perdu la raison ?
3. Conclusion :
« Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part : 1 Corinthiens 12,27. »
Le corps est la partie visible d’un être. C’est à partir des actions du corps que se juge la mentalité, l’état d’esprit dans lequel vit l’être qui l’anime.
L’Eglise est le corps du Christ ! C’est en voyant l’Eglise que ceux du dehors jugent et se font leur avis de Celui qui en est la Tête, le cerveau. Que notre préoccupation majeure soit, en tant que membre, d’honorer Celui qui nous a lié à Lui, par Son Esprit, pour que nous soyons Ses mains, ses pieds, sa bouche, ses témoins dans ce monde !
