Texte : Matthieu 5,13 à 16
1. Introduction :
Lors des troubles qui secouèrent la ville d’Athènes, il y a quelques mois, des projectiles brisèrent plusieurs vitraux de l’église presbytérienne située au centre ville. Mais la surprise se trouvait, pour les responsables de l’église, à l’intérieur. Parmi les projectiles, une pierre de bonne taille atterrit sur la chaire où se tenait d’habitude le prédicateur.
Réfrénant leur colère pour les dégâts causés, les responsables se rassemblèrent en cercle. Ils se dirent : « Ne disons rien ! Prions ! Et demandons à Dieu de nous dire quel message Il veut nous transmettre ! » Au bout d’un certain temps, l’un d’eux prit la parole, et dit : « J’ai compris ! C’est une invitation ! Ce pavé est là pour nous dire que nous ne sommes pas au bon endroit ! Ceux qui l’ont lancé nous invitent à les rejoindre ! »
Plusieurs membres de l’église quittèrent leur domicile pour s’installer dans le quartier le plus chaud de la ville, là où même la police hésitait à aller. Au bout d’un certain temps, une petite église naquit dans le quartier. En fait, il s’avérait que les gens les plus exaspérés de la ville contre le système étaient les plus ouverts à l’Evangile.
Cette histoire vraie m’a interpellé ! Le Seigneur dit de nous, Ses disciples, que nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde. Jésus entend par là que nous avons une mission vitale pour le bien de ce monde et que nous devons être à des endroits stratégiques pour accomplir cette mission. Aussi les questions que j’aimerais que nous nous posions en ce début d’année 2015 sont les suivantes :
- Ai-je conscience de la mission que le Seigneur nous a donnée ?
- Suis-je au bon endroit pour accomplir cette mission ?
C’est autour de ces deux questions que j’aimerais ce matin que nous menions notre réflexion !
Auteur Inconnu )2. Vous êtes :
C’est vous qui êtes le sel de la terre… C’est vous qui êtes la lumière du monde ! Jésus ne dit pas à Ses disciples : c’est vous qui devez être ! Il affirme sans ambigüité à Ses disciples : C’est vous qui êtes !
La première et la plus grande chose dont doivent prendre conscience les disciples de Jésus pour remplir leur mission dans ce monde est de ce qu’ils sont. Quoi que faisant partie de l’humanité comme les autres, les disciples de Jésus sont des êtres à part. Ils possèdent en eux quelque chose de totalement unique : une nature, une essence qu’eux seuls possèdent. Ils sont habités par quelque chose et il émane d’eux quelque chose que le monde est incapable de trouver ailleurs.
Nous ne devons cependant pas nous méprendre au sujet des paroles de Jésus. Jésus a employé une formule précise pour définir ce que seront Ses disciples dans ce monde. Il n’a pas dit à Pierre ou à Jean : Pierre, je veux que tu saches que tu es le sel de la terre. Jean, tu es la lumière du monde ! De manière délibérée, Jésus s’est adressée collectivement au groupe des disciples pour formuler la mission et le rôle qu’ensemble ils devaient jouer dans ce monde : être sel de la terre et lumière du monde !
Quelle que soit la formule que Jésus utilise lorsqu’Il s’exprime, celle-ci ne relève jamais du pur hasard. En choisissant de dire « Vous », Jésus, qui vient juste de choisir Ses disciples : Matthieu 4,18 à 22, veut bien dire ce qu’Il dit ! Jésus n’a pas de projet individuel pour chacun de Ses disciples. Le projet est, dès le départ, collectif ou communautaire. C’est par le groupe des disciples ensemble que Jésus veut agir. Et c’est par ce qui émane et rayonne de lui que le groupe sera en mesure de remplir la mission que Jésus lui donne dans ce monde !
Est-ce que nous voulons entrer dans le projet de Jésus pour ce monde ? Si oui, nous n’avons pas le choix ! Nous ne pouvons le faire sans quitter et abandonner notre individualisme. Jésus n’a que faire d’un chrétien qui, pour sauvegarder sa liberté personnelle, choisit de se tenir en marge de la communauté. Le projet de Jésus passe par la communauté ou il échoue ! Le projet de Jésus passe par la communauté ou il perd complètement sa puissance et sa capacité d’impact sur le monde !
Jésus l’a dit dès la première fois où quelqu’un a confessé ouvertement sa foi en Lui comme le Christ, le Fils du Dieu vivant :
« Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux ! Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je construirai mon Eglise ! »
Pierre, le premier, a connu cette joie de reconnaître en Jésus le Christ. Jésus lui précise qu’il n’a pas pu comprendre cela de lui-même. Il lui a fallu une révélation particulière du Père pour cela. Maintenant que c’est fait, Jésus peut aller plus loin. Il peut dévoiler ce qui, à travers la lumière qu’a reçue Pierre, est le cœur de Son projet : construire, bâtir Son Eglise !
Jésus l’affirme ici avec force : en éclairant Pierre, le but de Dieu n’était pas uniquement de le sauver. Le but allait au-delà de la personne de Pierre ! Avec le salut de Pierre, le projet Eglise pour lequel Jésus était venu, pouvait commencer.
Suis-je conscient de l’importance qu’a le projet Eglise pour Dieu ? Si oui, est-ce que je fais tous les efforts qui sont en mon pouvoir pour contribuer à la réussite de ce projet ? Est-ce que la réussite du projet Eglise de Dieu a priorité sur tout dans ma vie : mes désirs, mes envies ou mes goûts personnels, les différences théologiques qui peuvent séparer, mes priorités financières ? Soyons conscients que toute attitude, toute démarche qui consiste, soit à se séparer de l’Eglise, soit à s’en distancer, va à l’encontre du projet principal de Dieu et de Christ !
3. Vous êtes le sel de la terre, la lumière du monde :
La parole de Jésus à Ses disciples pourrait passer pour risible, si 20 siècles plus tard, nous n’avions la preuve sous nos yeux de sa réalisation. Mettons-nous quelques instants à la place des disciples pour imaginer ce qu’ils ont bien pu penser au moment ou elle a été prononcée :
« Que dis-tu Jésus ? Réalises-tu vraiment qui nous sommes et à combien nous sommes ? Tu ne penses pas sérieusement ce que tu dis ! Tu dis cela juste pour nous motiver ! Mais tu ne penses pas jusqu’au fond ce que tu dis ! »
Ne nous arrive-t-il pas à nous aussi souvent de penser comme les disciples pensent ? Nous lisons que Jésus dit à Ses disciples :Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde. Mais nous pensons que Jésus n’a pas vraiment voulu dire ce qu’Il a dit. Ses mots sont davantage une figure de style que quelque chose qui correspond au fond de Sa pensée !
Il nous faut nous détromper ! En disant ce qu’Il a dit, Jésus a vraiment voulu dire ce que les mots qu’Il a employé signifiaient !
a. Vous êtes le sel de la terre !
En devenant Mes disciples, votre vie a acquis une saveur qui ne se trouve nulle part ailleurs. Vous possédez en vous quelque chose qui donne un piment à la vie et qui relève le goût des choses, qui devrait faire envie à tous ceux qui côtoient votre communauté ! Si je vous ai mis ensemble, c’est pour que par la vie commune que vous menez, il se crée en ceux qui vous approchent une soif de connaître ce que vous vivez, le secret qui habite votre communauté !
C’est là le témoignage rendu par la première communauté de disciples à Jérusalem :
Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient leur pain dans leurs maisons et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise ceux qui étaient sauvés : Actes 2,46-47.
Nous pouvons nous efforcer de convaincre le monde de mille et une manières de ce que Jésus est le Christ envoyé de Dieu, et qu’Il est le seul capable de changer radicalement une vie. Mais si notre comportement les uns envers les autres ne diffère pas de ceux que l’on rencontre ailleurs dans une autre communauté, c’est peine perdue d’avance.
En approchant de la communauté chrétienne, si ceux qui ne connaissent pas Christ ne sont pas frappés par ce qu’ils y trouvent, en particulier dans les relations fraternelles, il n’est même pas la peine que nous cherchions à les convaincre du bien-fondé et de la véracité de notre Evangile.
Si dès qu’il y a une broutille entre nous, nous nous séparons, nous nous en voulons, nous faisons la tête… nous réagissons, autrement dit, de la même manière que ceux qui ne connaissent pas Christ réagissent, il ne vaut mieux pas pour nous que nous nous appelions Eglise de Jésus-Christ ! Car nous démentons par notre comportement ce que nous disons être par notre titre !
« Le monde a le droit de nous regarder et de formuler un jugement sur nous. Jésus nous dit que c’est à l’amour que nous avons les uns pour les autres que le monde reconnaît, non seulement si nous sommes ses disciples, mais encore si le Père a envoyé le Fils ! La meilleure défense de la foi, c’est ce que le monde voit de la vie personnelle du chrétien et de ses relations communautaires… Si les mêmes ruptures sans guérison se produisent entre nous qu’entre ceux qui ne connaissent pas Christ, tout le reste de notre témoignage sera insuffisant pour convaincre. Le monde n’attend pas que nous soyons parfaits. Mais il ne manquera pas de remarquer un groupe d’enfants de Dieu au sein duquel les relations humaines sont restaurées de façon substantielle : Francis Schaeffer. »
Pour être sel de la terre, la communauté et ses membres ont besoin de refléter auprès de ceux qui la côtoient les traits de caractère qui étaient en Jésus :
- L’humilité : la capacité de se dépouiller de soi, de renoncer à soi, ses intérêts propres pour le bien de l’ensemble
- La grâce : la capacité de pardonner, de supporter l’autre avec ses défauts, ses réactions – la capacité renouvelée d’espérer aussi, avec l’aide de Dieu, un changement chez lui
- Le service : la volonté manifeste de ne pas attendre que les autres me servent, mais la disponibilité pour être plutôt leur serviteur
Quiconque côtoie une communauté qui est sel ne manquera pas de poser la question : mais d’où vous vient cette qualité dans les relations qui vous caractérisent ? Naturellement, sans forcer, nous pourrons alors leur parler de notre Sauveur !
Mais si le sel perd sa saveur, si l’amour n’est plus la marque de fabrique de la communauté, à quoi peut-elle encore servir ? Jésus y répond : à rien ! Il n’est plus bon qu’à être jeté et foulé aux pieds par les hommes : Mat 5,13.
b. C’est vous qui êtes la lumière du monde
Si l’expression « Vous êtes le sel de la terre » a pu impressionner les disciples, je suis persuadé que celle-ci n’a pas eu sur eux d’effets moindres. Car, être la lumière du monde est exactement ce que Jésus Lui-même a prétendu être :
« C’est moi, dit Jésus, qui suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera jamais dans les ténèbres mais il aura la lumière de la vie : Jean 8,12. »
En disant à Ses disciples qu’ils sont ensemble la lumière du monde, Jésus ne dit pas autre chose que, ce qui sera Sa présence visible dans le monde après Son départ, est leur communauté. La vision que Jésus donne aux disciples de ce qu’est l’Eglise, son rôle, sa mission dans ce monde, ne diffère pas de celle que développeront les apôtres, et en particulier l’apôtre Paul, après lui !
Comment, après le départ de Christ de cette terre, le monde pourra-t-il avoir contact avec Lui ? Paul y répond par l’Eglise :« Vous êtes, dit-il, le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part : 1 Corinthiens 12,27. » Là où se trouve le corps, là se trouve la personne qui y habite.
Comment, après le départ de Christ, Sa présence pourra-t-elle être sensible à ceux qui ne l’ont jamais vu ? Paul y répond par l’Eglise : Vous êtes la maison de Dieu : 1 Timothée 3,15. Là où se trouve la maison, se trouve la personne qui y réside !
Ou les gens qui ne connaissent pas Christ auront-ils un aperçu des changements qu’opère Son amour dans des vies ? Paul y répond par l’Eglise : Vous êtes l’épouse du Christ, celle qui fait tout l’objet de Son amour : Ephésiens 5,25. Là où se trouve l’épouse, se trouve l’époux qui l’aime !
Lorsque Jésus dit que, comme Lui, les disciples sont ensemble la lumière du monde, Il veut les rendre conscients de la haute idée qu’Il se fait de la mission et du rôle qu’Il leur a confié pour ce monde ! Lui ne sera plus là ! Mais, jusqu’au jour de Son retour, il sera possible au monde de Le voir encore, de comprendre qui Il est, d’être au contact de Sa Personne et de Son amour ! Et cela par un moyen privilégié qui sera accessible à tous, et présent partout : l’Eglise !
Ayant communiqué à Ses disciples la haute idée qu’Il se faisait de leur rôle ici-bas, Jésus conclut en précisant deux choses qui rejoignent le témoignage que j’ai apporté au début au sujet de ce qui s’est passé à Athènes :
1ère chose : le lieu où doit se tenir l’Eglise ne doit pas être caché, mais visible !
On n’allume pas une lampe, dit Jésus, pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le porte-lampe, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière brille ainsi devant les gens : Matthieu 5,15-16.
Pour que l’Eglise remplisse sa mission, il ne suffit pas que ceux qui la composent se trouvent bien ensemble ! Encore faut-il que ce qui se vit et se passe dans l’Eglise soit visible par ceux du dehors ! Quelle devrait être la préoccupation première de l’Eglise ? Comme le fut celle de Jésus avant elle : la préoccupation d’être présent dans le monde, là où se trouve les plus grands besoins, afin que par le bien qu’elle fait, ceux qui en bénéficient soient préparés au jour où Dieu les visitera !
La vision qu’apporte Jésus ici correspond à celle que développera aussi Paul dans la stratégie missionnaire qu’il adoptera. Si, dans un premier temps, Paul et les équipes qui l’accompagnaient, furent les moyens que Dieu utilisa pour faire pénétrer l’Evangile dans des terres nouvelles, celui-ci n’y restera pas longtemps. Par la persécution que l’apôtre ne manquait pas de susciter suite à son passage, Dieu veillera à ce qu’il ne s’attarde pas longtemps au même endroit.
Paul parti, l’œuvre de Dieu pour autant ne s’arrêtait pas ! Ce que l’équipe missionnaire avait commencé, l’Eglise locale sur place le continuait. Paul a, comme il l’écrit aux Thessaloniciens, souvent eu des craintes au sujet des groupes de jeunes convertis qu’il laissait sur place après qu’il fut contraint de partir. Mais Dieu l’a à chaque fois rassuré ! Non seulement l’Eglise a tenu, mais elle a grandi : 1 Thessaloniciens 3,4 à 7.
Que nous apprend ici Paul ? Le projet de Dieu, pour que l’Evangile se répande et pénètre dans une région n’est pas l’équipe missionnaire, mais l’Eglise. L’équipe missionnaire est le fer de lance que Dieu utilise pour faire entrer l’Evangile dans des lieux où il ne s’y trouve pas encore. Mais une fois que l’Evangile est entré, c’est l’Eglise qui prend le relais !
2ème chose que Jésus précise : c’est par le bien qu’elle fait (les œuvres bonnes) que l’Eglise remplit ici-bas son rôle de témoin de Christ !
Notre première préoccupation pour 2015 devrait être la suivante : comment, par le bien que nous faisons ensemble, pouvons-nous être témoin de Jésus et attirer le monde qui nous entoure à Lui ?
J’ai été personnellement très encouragé en fin d’année dernière par les quelques initiatives prises dans ce sens : l’aide au déménagement du voisin de G., les goûters de Noël préparés dans les maisons avec pour but d’inviter collègues, amis, voisins. Je crois que nous devons poursuivre dans ce sens.
Je me réjouis aussi de la création de l’association culturelle dont le but premier sera d’initier des actions en direction de ceux qui, dans notre entourage, sont dans le besoin. Il se peut qu’en cette année 2015 nous recevions de la part de ceux qui nous entourent de drôles d’invitations. Nous ne remplirons notre rôle que si nous y répondons, comme nos frères grecs l’on fait : par l’amour du Christ !
Que Dieu nous donne le but dans cette nouvelle année d’être ensemble le sel de la terre et la lumière du monde !
