Est-il légitime de critiquer quand on a de bonnes raisons de le faire ? Est-ce donc si grave d'avoir la langue fourchue ? Chacune sait que ce n'est pas très « orthodoxe » de tomber dans ce travers, personne n'en est vraiment fier, mais concrètement, pourquoi le fait-on ?
Nous lisons cette semaine Nombres 12 : 1-9
Marie (Miryam) est devenue maintenant quelqu'un d'important aux côtés de ses frères Moïse et Aaron dans la direction du peuple d'Israël. C'est une femme de foi, et qui a acquis de la sagesse avec les années. En bonne grande sœur, elle a une opinion « sage » sur tout ce qui concerne ses frères et elle voit d'un mauvais œil le mariage de Moïse avec une femme éthiopienne. Quelle mésalliance ! Elle se met à critiquer son choix personnel : « après tout, elle a bien raison, ce mariage est inadmissible ! » Elle partage son « jugement » avec Aaron (v1). Leur critique les amène à douter de la légitimité de Moïse en tant que leader spirituel (« est-ce seulement par Moïse que l'Eternel parle ?»(v2)). Ils trouvent qu'il prend trop de place, qu'il a trop de prestige. Ils remettent en cause son ministère en dévoilant la véritable motivation de leur critique : « n'est-ce pas aussi par nous que Dieu parle ? ».
On trouve là un parfait exemple de l'enchaînement qui entoure une critique :
-On se sent sage avec toute notre expérience chrétienne, et on commence à se placer en «grande sœur qui veut le bien de l'autre ».
-Sous couvert de « sagesse », on prend un point de la vie de l'autre, et on commence à raisonner, à émettre des doutes sur la qualité de cette personne. (« Après tout, il (elle) n'est pas si bien que ça »)
-Fort de cette analyse, détectant bien que « quelque chose cloche dans sa vie », on commence à comparer. La motivation profonde et cachée de toute critique est souvent la jalousie inavouée. « Qu'a-t-il (ou qu'a-t-elle) de plus que moi ? Après tout, je suis aussi proche Dieu, j'ai un vécu glorieux moi aussi. Et puis j'ai plus d'expérience que lui ! etc.».
Dans la vie de chacun, se trouve enfouie une sorte de « complexe fraternel ». La comparaison à l'autre est naturelle, on trouve d'autres exemples dans la Parole («Qui de nous est le plus grand ? » (Luc 9 :46). Mais il faut bien être consciente que dès que l'on commence à comparer, on ouvre une autoroute à la critique. Par amour propre, on aimerait que Dieu nous dise « Tu vaux mieux que lui (ou elle), tu es plus grand ». Mais cette question est illégitime, et il faut la tuer dans l'œuf avant de déraper. Dès que nous commençons à comparer, et à déraper dans la critique, il faut que tous nos voyants se mettent au rouge : STOP ! On arrête tout ! Car la réponse de Dieu va être cinglante : « la colère de Dieu s'enflamma contre eux » (verset 9)
Ma prière : Seigneur apprends-moi à veiller sur mes paroles et aide-moi à repousser toute comparaison et toute critique, car tu ne supportes pas cela. J'ai autant de valeur à tes yeux que tout autre, simplement, ma route est différente.
Verset : Psaume 139 :23-24 « Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cœur ! Éprouve-moi, et connais mes pensées, Regarde si je suis sur une mauvaise voie, Et conduis-moi sur la voie de l'éternité ! »