Les églises qui reçoivent un ministère itinérant, une fois qu'il est parti, ressentent-elles qu'elles ont été valorisées, fortifiées ou qu'elles ont été utilisées ou encore dénigrées ?

Nous visitons presque tous les week-end une église, souvent une petite église qui a affronté vague sur vague de l'adversité dans les années passées. La rivière qui coulait à une époque est devenue un filet d'eau, mais qui a le mérite d'être toujours là et de continuer à permettre à plusieurs de boire suffisamment pour ne pas mourir. Dans ces temps la rivière va se remettre à couler, et avec plus de force qu'avant, pour beaucoup de ces petites églises.

Les ministères itinérants qui les visitent participent à préparer, voire à provoquer ce temps en les encourageant, les enseignant et les bénissant.

Il apparaît néanmoins que tous les ministères qui les ont visitées sont loin de les avoir tous tirées vers le haut.
Certains se sont contentés de ne faire remarquer pendant tout un week-end que tout ce que l'église n'est pas, devrait être... et n'arrivera pas à être sans leur « grand ministère ».
Certains pasteurs ont même du supporter, réunion après réunion, des ministères qui cassent du pasteur dans chacun de leur message.

La question se pose donc : quel est l'objectif d'un ministère itinérant ?

• Fortifier ou affaiblir l'église locale qu'il visite ?
• Mettre en évidence ses qualités et dons ?
• Comment les développer et les mettre au service du Corps ? 
• Encourager ?
• Enseigner ? 
• Voir comment servir l'église et les pasteurs ?
• Jouer les super stars ?
• Chercher comment l'église, voire les pasteurs peuvent servir nos intérêts ? 
• Comment les faire adhérer à notre fédération, soutenir à long terme notre ministère, et parfois... comment leur pomper le plus d'argent possible, etc ?

Ce n'est pas pour cela qu'une église invite un ministère itinérant. Ce n'est pas pour se retrouver sous sa coupe ou avec plus de confusion qu'avant de le recevoir.
Vous n'êtes pas là pour donner des leçons à tout le monde du haut de votre grand ministère. Surtout que beaucoup ne se sont jamais occupés d'une église et sont donc mal placés pour donner des leçons dans ce domaine. D'autres qui s'en sont occupés n'ont pas spécialement eu beaucoup de succès dans ce ministère. Prétendraient-il montrer aux autres comment faire ce qu'ils n'ont pas réussi eux-mêmes ?

Une église, et particulièrement une petite église, qui vous invite a, en général, été fragilisée les années passées par pas mal de combats, de trahisons, de doctrines bizarres introduites en son sein. Elle vous invite pour l'aider et la fortifier face à cet état de choses. 
Pas pour que... vous en profitiez ou la regardiez avec condescendance du haut de votre ministère « international».
Les église qui reçoivent un ministère itinérant, une fois qu'il est parti, ressentent-elle qu'elles ont été valorisées, fortifiées ou qu'elles ont été... utilisées ? Bonne question à se poser avant de réinviter un ministère.

Un ministère itinérant doit être digne de cette confiance qui lui est faite de prendre publiquement la parole pour communiquer ce que Dieu lui a donné ! C'est une grande responsabilité ! Toute parole dite en public a beaucoup plus de poids qu'une parole dite en privée. Elle touche et bénit plus de monde. D'un autre côté, si elle est mal placée et mal inspirée, elle causera plus de ravages.

Je me rappelle m'être retrouvé dans certaines petites églises et dire au Seigneur : « Mais, vu le peu de monde, ne me suis-je pas trompé en acceptant de venir ? Suis-je vraiment dans Ton plan ? » Ou : « Ne peux-tu pas amener plus de monde l'extérieur pour cette réunion ? ». 
Et le Seigneur m'a répondu clairement : « C'est bien pour cela que je te veux là, parce qu'ils ont peu de monde et ont besoin d'être encouragés. C'est pour l'église que tu es là, pas pour faire des réunions avec des gens qui viennent de partout ailleurs, ce qui ne va pas te donner une vraie idée de ce qu'est et vit cette église. Il y a d'autres situations où j'amène les gens de partout pour que tu exerces ton ministère à leur égard, mais ici ce n'est pas le but. Tu es là pour l'église et tu dois la voir et l'aider telle qu'elle est : petite sans grand monde qui se presse à sa porte. »

Cela m'a sérieusement amené à revoir une certaine conception de la réussite dans le ministère. Pour beaucoup elle est toujours liée à avoir beaucoup de monde et faire des réunions d'éclat.
Il y a un temps et un contexte pour cela aussi, certes, mais la réussite c'est faire les bonnes choses, au bon moment dans le bon contexte pour aider à bâtir le royaume. Fortifier ce qui est faible, blessé ou petit c'est glorieux.

Ce que nous appelons parfois une bonne réunion est une réunion qui nous a plus mis en valeur nous-même.Pour Dieu c'est celle qui consiste à fortifier et faire avancer concrètement Son Eglise !

De grandes maladies se répandent dans le corps humain à la suite de petites cellules que l'on n'a pas été soignées à temps. Dans ces temps de plus en plus de ministères vont apporter du sang frais dans le Corps de Christ pour l'aider à panser ses plaies, s'édifier et déboucher des puits comblés par l'adversité dans les années passées. De plus en plus de ministères vont travailler dans la complémentarité à cette fin, car Dieu a donné les 5 ministères à l'Eglise pour son édification (Eph 4).
Mais il va falloir faire de plus en plus attention avec qui l'on s'associe ou qui l'on invite à nous visiter afin d'éviter que pendant qu'un construit l'autre détruise.

Il va falloir voir plus loin que des grands noms ou des grands titres.
Que Dieu nous donne Sa sagesse aux uns et autres et que nous nous assurions chacun d'avoir les bonnes motivations dans l'exercice de notre appel.