La guerre que livre en ce moment l’Etat islamique aux Palestiniens de Yarmouk a brusquement et à jamais modifié la perception du public de la cause palestinienne.
Les Français, habitués de voir les journaux et débats télévisés se focaliser sur le conflit dès que des heurts éclatent entre Gaza et Israël, écarquillent les yeux en découvrant que des centaines de palestiniens sont massacrés à Yarmouk, et que les élites, artistes, journalistes, experts et observateurs qu’ils ont l’habitude de voir témoigner pour parler de l’horreur de Gaza sont aux abonnés absents.
L’incompréhension du public est grande : comme si le drame que vivent les Palestiniens de Yarmouk était secondaire par rapport à Gaza, alors que l’horreur de Yarmouk est infiniment pire, selon l’ONU.
Et la surprise ne s’arrête pas là…
L’Autorité palestinienne vient de refuser de se joindre aux troupes syriennes pour sauver les milliers de Palestiniens de Yarmouk, affamés, et menacés de mort par les snipers embusqués de l’Etat islamique.
L’OLP a déclaré jeudi soir – mais le communiqué n’a été traduit qu’aujourd’hui -, qu’il ne veut pas participer à la libération du camp palestinien où sont menacés les réfugiés palestiniens.
Dans sa déclaration, l’OLP revient sur la déclaration qui avait été faite jeudi matin par l’envoyé de l’OLP à Damas, Ahmad Majdalani, selon laquelle les forces de l’OLP sont prêtes à se joindre aux forces syriennes pour libérer le camp capturé par l’Etat islamique.
« Une opération militaire conjointe avec des factions palestiniennes et les troupes syriennes va être très prochainement déclenchée » avait déclaré Majdalani jeudi matin après s’être entretenu avec les autorités syriennes à Damas.
Mais la promesse de Ahmad Majdalani a été immédiatement annulée par le président Mahmoud Abbas, qui a constamment refusé de venir en aide aux réfugiés palestiniens de Syrie.
Les commentateurs politiques arabes ont manifesté leur étonnement que Majdalani, qui a pourtant été envoyé par Abbas à Damas pour discuter de la situation de Yarmouk, ait fait une déclaration contraire aux ordres du président palestinien.
Dans on communiqué, l’OLP a expliqué: « nous refusons d’être entraînés dans une campagne militaire, quelle que soit sa nature et son objet. »
« Nous demandons que d’autres solutions soient trouvées pour épargner le sang de notre peuple, et éviter d’autres destructions et déplacement de population pour les Palestiniens » de Yarmouk, explique le communiqué.
Wasel Abu Yousef, un haut responsable de l’OLP, a déclaré vendredi que son mouvement préfère tenter de négocier l’évacuation du camp et demander une aide humanitaire extérieure que monter une opération militaire.
« Nous savons que si l’armée syrienne, avec ses avions et ses tanks, s’en mêle, cela mènera à la totale destruction du camp, » a expliqué Wasel Abu Yousef qui par ailleurs a refusé d’accueillir les 160 000 réfugiés palestiniens qui ont fui le camp et de les autoriser à s’établir définitivement en Judée Samarie dans l’Etat palestinien qu’ils projettent de créer.
L’Etat islamique a pris le contrôle de la presque totalité du camp, où plusieurs centaines de Palestiniens ont été décapités et abattus par les snipers, et les autres sont empêchés d’aller chercher des vivres ou des médicaments.
Des journalistes arabes qui ont été autorisés jeudi à visiter le camp, sous escorte, ont rapporté que les immeubles situés près de l’entrée nord ont été détruits et ne sont plus que des coquilles vides, que les rues sont désertées et poussiéreuses.
Cette réaction palestinienne a de quoi laisser perplexe ? Pas tant que cela…
Certes, les Palestiniens ne se retiennent jamais pour déclencher un conflit contre Israël – soit à peu près tous les deux ans. On peut donc être surpris de les voir refuser une opération militaire de sauvetage de leur peuple massacré à Yarmouk.
L’explication est simple : ils ont très vite constaté, comme le grand public, l’indifférence de la communauté internationale et celle, encore plus surprenante, des médias, qui ne se sont pas mobilisés pour les soutenir, et ils se sentent d’autant plus abandonnés qu’ils sont habitués à un traitement de faveur.
De plus, et c’est la que se trouve le nœud du problème que rencontre l’OLP, le camp palestinien de Yarmouk, ainsi que tous les camps palestiniens du Moyen-Orient, n’a d’existence que pour envahir Israël. L’autorité palestinienne pourrait parfaitement, sur les terres presque inhabitées de Judée Samarie où elle veut créer l’Etat palestinien, accueillir et installer les réfugiés, et fermer le camp quasi totalement détruit.
Mais alors il y aurait moins de « réfugiés » palestiniens à contraindre Israël à accepter, but ultime des Palestiniens pour noyer Israël dans un flot immigrationniste dont les Européens commencent à comprendre – trop tard – les effets catastrophiques.
Le drame du camp de Yarmouk, disais-je plus haut, expose au grand jour à ceux qui ne sont pas totalement aveuglés par la propagande des grands médias, une réalité sur la situation des Palestiniens que nous dénonçons depuis des années.
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